dimanche 29 novembre 2009

Changemement climatique : le débat est-il encore possible ?

Compte-rendu de la conférence du 27 novembre 2009, tenue à l’Université P. Cézanne d’Aix-en-Provence par Emmanuel MARTIN.

Emmanuel MARTIN est un économiste de formation qui, de son propre aveu, ne connaissait pas grand chose sur la problématique du changement climatique il y a encore quelques semaines. Pourquoi, dans ces conditions, s’estimer compétent pour organiser une conférence, qui plus est dans une faculté de droit et au risque d’être confronté à des étudiants en droit de l’environnement ? La réponse est simple : le but de cette conférence était de transmettre en urgence, et avant le Sommet de Copenhague, des informations capitales sur le GIEC – le groupe d’experts dont les rapports sur le climat et son évolution servent de base aux mesures chiffrées auxquelles les Etats sont priés de se soumettre – et qui remettent en question la scientificité (au sens de méthode strictement basé sur des faits, et par conséquent parfaitement objective) des rapports et des alertes de ce dernier. De telles accusations, basées sur la logique de raisonnement et sur des aspects scientifiques plus que sur des aspects juridiques, peuvent être comprises par tous, et il n’est pas nécessaire d’être expert pour faire preuve de logique.

Il s’est donc agi, pour M. Martin de dénoncer l’évidence d’une manipulation des données (et donc d’une fraude) par les scientifiques du GIEC, opération en contradiction avec la méthode scientifique qui cherche à établir une vision objective des choses, et qui a récemment été répercutée sur Internet (mais, bizarrement, assez peu dans la presse !) : l’affaire du Climate Gate.

En tant qu’économiste, M. Martin a, avant toute chose, précisé qu’il était avant tout un scientifique – l’économie étant la science du complexe selon lui – et que son objectif n’était donc pas de prendre parti, mais, en bon scientifique, de s’en tenir aux faits pour avoir une vision objective des choses. A cet égard, il a fait un exposé impartial des faits pour conclure que la lutte contre le réchauffement climatique cachait, derrière des apparences d’utilité publique, la protection d’intérêts particuliers et… économiques !

Il faut également préciser que, tout au long de son exposé, M. Martin a rappelé qu’il s’insurgeait non pas contre la lutte contre les émissions de CO2 et de GES, mais bien contre l’invalidité de la base qui justifie l’action dans ce domaine, contre la manipulation opérée par le GIEC.

La conférence s’est axée autour de trois points : après avoir mis en évidence le fait que le réchauffement concerne plus la climatologie que le climat, M. Martin a présenté les e-mails accablants des membres de l’Unité de Recherche sur le Climat (CRU) du GIEC par lesquels le scandale du Climate Gate s’est révélé sur Internet, pour enfin montrer les raisons pour lesquelles les fraudes n’ont pas été plus relayées dans la presse, pour expliquer, en d’autres termes, à qui profite le crime.

Le réchauffement… de la climatologie ?

Il existe un débat scientifique qui n’est pas encore terminé sur le fait de savoir s’il existe une relation causale entre les émissions anthropiques de CO2 et le changement climatique. Certains « climato-sceptiques », scientifiques ou non, tels MM. Leroux et Allègre, réfutent non pas les aspects potentiellement néfastes du CO2, mais la place centrale qui lui est donnée par le GIEC, et se demandent donc s’il est pertinent de mettre en œuvre des mesures politiques fondées sur des conclusions scientifiques contestables.

Avant d’expliquer les différentes causes possibles du réchauffement climatique, M. Martin rappelle que, selon le GIEC, il y aurait eu un réchauffement du climat mondial de 0,74 C° en 60 ans et que cette augmentation de température serait le fruit d’une augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère. En effet, le GIEC publie régulièrement des rapports sur l’état du climat dans lesquels la fameuse « courbe de Mann » indique une alternance équilibrée entre des périodes froides et des périodes chaudes puis, à partir du début des années 1900 jusqu’à nos jours, une augmentation brutale des températures. Etablie notamment à partir de la dendrochronologie (méthode d’estimation temporelle à partir d’une mesure des anneaux des arbres), cette courbe est fortement critiquée par les climato-sceptiques notamment parce qu’elle camoufle certains phénomènes dont l’existence est certaine, et notamment l’optimum médiéval – un pic des températures, entre le Xe et le XIVe siècles, atteignant des valeurs comparables aux valeurs actuelles. Les climato-sceptiques mettent notamment en avant le fait que les rapports du GIEC seraient donc biaisés, et pire, volontairement biaisés. M. Martin a notamment mis en avant le fait que la courbe de Mann n’apparaissait pas dans le dernier rapport du GIEC de 2007, peut-être par peur des critiques envers cette courbe.

Toujours selon les opposants aux explications proposées (imposées ?) par le GIEC, ce serait la hausse des températures qui serait la cause de l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère et non l’inverse. La hausse des températures s’expliquerait de différentes manières : par rapport à la position de la Terre sur son ellipse autour du Soleil (tantôt proche du Soleil, tantôt très éloignée) ; par rapport aux cycles d’activité du Soleil ; par rapport aux bombardements cosmiques sur la formation des nuages ; enfin Vincent Courtillaud, géophysicien de renom et contradicteur du GIEC, affirme que l’inclinaison de l’axe de la Terre et la pression des équinoxes pourraient être à l’origine du réchauffement climatique.

De nombreux travaux scientifiques montrent que depuis 1998 le climat se stabilise et que même à certains endroits de la Terre les températures baissent. Le quotidien Le Monde, dans un article du 21 octobre 2009 intitulé « Climat : et si le réchauffement faisait une pause ? », fait référence à ce phénomène et indique qu’entre 1998 et 2008 la tendance moyenne a été d'une croissance de 0,02 ºC par décennie c'est-à-dire une croissance quasiment nulle.

Enfin selon les travaux du GIEC, le CO2 est une cause 20 fois plus puissante que l’effet du soleil dans la détermination du climat. Ce serait donner 6 fois trop de poids au CO2 et 10 fois pas assez d’importance au Soleil dans la détermination du changement climatique.

M. Martin conclut donc, avec humour, que le GIEC ignore les théories concurrentes et que, de ce fait, il ne serait pas à l’origine d’étude scientifiques mais d’un dogme de l’origine anthropique du changement climatique. Il rappelle également que, dans les années 1970, la menace climatique était celle… du refroidissement climatique !

Le Climate Gate
Mais ce qui a conduit M. Martin à s’intéresser à la question du réchauffement climatique est avant tout une affaire qui a récemment éclaté au grand jour sur Internet : le Climate Gate. Il s’agit de mails accablants des plus éminents membres de l’Unité de Recherche sur le Climat (CRU) du GIEC, dans lesquels ceux-ci parlent des données trafiquées afin d’obtenir la courbe voulue, de leur difficulté à expliquer l’absence réelle de réchauffement depuis 1998, du fait qu’ils préfèreraient détruire les données de base plutôt que de les communiquer à d’autres, etc. La véracité de ces mails a été reconnue par les membres du CRU eux-mêmes, et pourtant la presse française a assez peu relayé cette information – hormis un article du Monde de novembre 2009 qui fait référence à un des mails écrit par Phil Jones, le directeur du CRU.

Sur la base de ces mails et de nombreux autres, M. Martin estime que les scientifiques du CRU – donc le GIEC – sont des fraudeurs et des manipulateurs.

Enfin, M. Martin a pointé du doigt le fait qu’Al Gore, l’ex-candidat à la présidence états-unienne, ruiné à la suite de son échec, serait, grâce à son film Une vérité qui dérange (truffé d’éléments erronés) devenu le premier « carbon billionaire » (milliardaire du carbone).

Les politiques publiques

Qui profite des manipulations du GIEC ? Pourquoi, en une vingtaine d’années, les Etats se sont-ils tant intéressés à la question du réchauffement climatique ?

M. Martin a mis en évidence l’existence d’un projet de loi états-unien, le Waxman Markey Bill, qui met en place des permis d’émission de GES négociables, sur le modèle du marché carbone du protocole de Kyoto. Cette législation a pour objectif une réduction de 80% des émissions carbonés aux Etats Unis d’ici 2050. Si ce projet de loi promeut les énergies vertes, il met aussi en place un système de barrières douanières à l’encontre des produits importés depuis des pays gros émetteurs de CO2. De même, en France, avec la Contribution Climat-Energie (ou taxe carbone), et dans de nombreux autres Etats, des législations sont prises sur la base des travaux du GIEC pour lutter contre les émissions de CO2.

Toutes ces mesures environnementales seraient autant de justifications à l’instauration d’un « protectionnisme vert », nouvel instrument pour lutter contre les aspects désavantageux du libre-échange. Au final, ce seraient une fois encore les pays du Sud qui pâtiraient de ces mesures et ce serait le développement de plus de 4 milliards d’êtres humains qui serait mis en péril.

Pour conclure, M. Martin a rappelé qu’il faut rester attentif et faire confiance à ses propres capacités de réflexions, qu’enfin, « la vérité n’est pas unique »…

… A discuter !

         M. D., R. L., et F. P.


vendredi 27 novembre 2009

Yes they can : La suite


Comme nous l’avons vu hier, la décision du président Américain de se rendre à Copenhague avec un objectif chiffré de réduction a été perçu comme une très bonne nouvelle, même si certains considéraient l’engagement insuffisant. Mais bien plus que les chiffres, s’est la porté d’un tel engagement que l’on avait souligné, persuadé que la volonté du président Américain de participer à l’effort collectif  allait servir de moteur, aux pays qui hésitaient encore à s’engager. Et le résultat espéré ne s’est pas fait attendre puisque 24h après la déclaration de M.Obama, c’est la Chine qui a répondu favorablement à l’invitation Danoise, avec en prime, un objectif de réduction chiffré des émissions de gaz à effet de serre.

Concrétisant, l’annonce faite en septembre dernier par le président chinois Hu Jintao, le Premier ministre chinois, Wen  Jibao, a fait savoir qu'il se rendrait lui aussi au sommet de l'ONU, avec dans sa valise un objectif chiffré : baisser l’intensité carbonique de la Chine de 40 à 45% d'ici  à 2020 par rapport à 2005. Afin d’imaginer la taille de la valise nécessaire pour un tel objectif, il convient donc de le décrypter.

Par une baisse de l’intensité carbonique il faut entendre une baisse des émissions polluantes par unité de PIB.  Ce qui signifie que si la Chine s’engage à améliorer son efficacité énergétique, sa croissance actuelle est tellement forte, que cet engagement ne va pas se traduire par une réduction des ses émissions, mais par une augmentation plus faible de ses émissions. Une façon pour la Chine de signifier au monde ainsi qu’à sa population, que si elle n’est pas insensible aux problèmes environnementaux, sa priorité reste malgré tout sa croissance économique. Peut-on pour autant reprocher à un Pays dans lequel des millions  d’habitants vivent encore sous le seuil de pauvreté de se préoccuper de sa situation économique ? La Chine et les États Unis sont les deux pays les plus pollueurs de la planète pour autant le contraste est saisissant entre leurs niveaux d’émissions de CO2 par habitant. Alors qu’un chinois rejette 4,4 tonnes de C02, un Américains rejette lui 23,5 tonnes et un Européen 12 tonnes.

Comme il l’a été fait lors de l’annonce Américaine, il convient donc de se féliciter de du premier pas Chinois dans la lutte contre le réchauffement climatique qui au même titre que le pas Américain peut servir de moteur. Car bien qu’insuffisantes, ces deux annonces à 24h d’intervalles, démontrent néanmoins une certaine envie de voir le sommet de Copenhague se passer dans les meilleures conditions. Mais n’oublions pas que l’engagement des états à une baisse des émissions de gaz à effet de serre n’est qu’une partie de la négociation climat et qu’il reste encore à régler les questions liées au financement de l’aide accordée aux pays pauvres pour s’adapter aux changements climatiques. Sans vouloir contredire Pierre de Coubertin, il convient donc de rappeler à toutes les parties présentes au sommet, qu’à Copenhague l’important n’est pas de participer.


D.R

jeudi 26 novembre 2009

Yes they can !


À 11 jours du sommet sur le climat de Copenhague, les organisateurs attendent plus que jamais les réponses aux invitations. Plus de 180 états sont invités à se rendre dans la capitale Danoise, non pas pour admirer la petite sirène qui trône sur son rocher mais pour trouver un accord sur la suite à donner au protocole de Kyoto qui prendra fin en 2012. Comme dans toute les fêtes il y a ceux qui répondent tout de suite, ceux qui ne répondent pas et ceux qui, pour se faire désirer, attendent un long moment avant de se prononcer.

Le président Américain vient donc aujourd’hui de renvoyer son carton d’invitation après avoir coché la case « présent». Si l’on imaginait mal le nouveau prix Nobel de la paix  briller par son absence, celui-ci laissait pourtant planer le doute sur sa participation. Un choix qui est donc unanimement salué, même si certains regrettent une présence partielle. En effet, M. Obama a dores et déjà annoncé, qu’il quitterait la fête avant la fin et qu’il ne participerait donc pas aux derniers jours de la conférence.

La nouvelle de la présence de M. Obama est d’autant plus bonne qu’il a coché la case « accompagné » de son carton d’invitation. En effet, ce dernier a annoncé qu’il viendrait avec un engagement chiffré de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cet engagement apparaît donc comme l’invité surprise du sommet tant il paraissait incertain de le voir au Danemark. Pour autant cette annonce mérite d’être décryptée.

Ainsi, l’engagement américain porterait sur une réduction en 2020 de 17 % des émissions par rapport au niveaux de 2005. Cet engagement correspond au projet de loi sur le climat : le « clean Energy and security act » qui a déjà été adopté par la chambre des représentants mais qui est encore débattu au Sénat. Les éternels pessimistes souligneront donc les doutes qui planent sur l’adoption par le Congrès américain de cette nouvelle législation, et surtout, en sortant leurs calculettes ceux-ci relèveront également qu’une réduction de 17% par rapport aux niveaux de 2005 correspond à une baisse de 3% par rapport aux niveaux de 1990. S’il s’agissait d’une compétition on pourrait dire que l’on est bien loin de l’engagement de l’Union Européenne, malheureusement ce n’en est pas une et l’engagement paraît dès lors insuffisant pour que le réchauffement climatique ne dépasse pas le seuil limite fixé à 2°C

Mais ne pourrait-on pas se satisfaire d’une annonce que l’on pensai impossible il y a encore quelques temps ? Par cet engagement, le président américain montre la volonté d’un des pays les plus pollueurs de la planète, de se joindre à l’effort collectif. De plus, cet engagement est évolutif et l’on parle d’une réduction de 18% en 2025 et de 32% en 2030 toujours par rapport aux niveaux de 2005. Cette volonté doit donc servir de moteur pour inciter les autres pays pollueurs qui hésitent encore, à s’engager à leur tour et dans la durée comme les américains. Un moteur international donc mais aussi national car si l’engagement de l’administration américaine paraît faible, c’est en partie dû aux américains eux-mêmes, qui ont toujours vécu dans l’abondance du pétrole et dont la majorité d’entre eux ne croit pas au réchauffement climatique.

Alors oui, la présence d’Obama et l’annonce d’un engagement chiffré est une bonne nouvelle et celle-ci doit insuffler une volonté d’agir à chaque invité de Copenhague, afin de parvenir à un accord contraignant.
 « Yes they can » ! OUI les dirigeants des pays des 4 coins du globe peuvent parvenir à se mettre d’accord. Il faut y croire et surtout être conscient de notre rôle à tous, quelque soit le résultat au soir du 18 décembre, car plus que les dirigeants, c’est l’Homme dans son ensemble qui doit s’engager … « Yes we can ».

D.R

dimanche 22 novembre 2009


OBAMA FACE AU CLIMAT

En juillet 2008, alors qu’il n’était que candidat à la présidence américaine Barack Obama en tournée européenne, avait appelé l’Europe à s’engager dans les luttes qui menacent la planète, dont celle contre le réchauffement climatique. Il paraissait donc à cette époque déjà bien plus engagé dans cette cause que ne l’a jamais été son prédécesseur Georges W. Bush. Il est nécessaire de rappeler à cet égard que la politique de Monsieur Bush sur la question du changement climatique était assez lacunaire. En effet, il n’avait jamais ratifié le protocole de Kyoto de 1997 relatif à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, que le président Clinton avait pourtant signé. Cela alors que les Etats Unis sont un des plus gros pollueurs de la planète et de ce fait l’un des responsables majeurs du changement climatique.

Une fois élu, le nouveau président américain avait promis qu’il s’engagerait énergiquement dans les discussions sur le changement climatique. En novembre 2008 lors d’un sommet international consacré au changement climatique en Californie, il a fait savoir que pour lui « peu de défis auxquels les Etats-Unis et le monde font face, sont plus urgents que de combattre le changement climatique. La science ne se discute pas, et les faits sont clairs ». Il aurait même promis que son administration se fixerait de forts objectifs annuels en vue de réduire d'ici 2020 les émissions à leurs niveaux de 1990 et en les abaissant de 80% supplémentaires d'ici 2050. Cet engagement est aujourd’hui l’un des objectifs de la Conférence de Copenhague qui aura lieu en décembre 2009, c’est dire combien ce nouveau président était ambitieux.

Ces engagements ont été très vite suivis d’effets. Dès le 26 janvier 2009, le président Obama a signé deux protocoles présidentiels à ce sujet. Tous deux sont relatifs à l’établissement de normes plus strictes de consommation d’essence dans les voitures de fabrication américaine dès 2011. Le même jour un émissaire spécial des Etats Unis chargé des changements climatiques a été nommé en la personne de monsieur Todd Stern. Ces éléments, et bien d’autres démontrent, l’existence d’un virage à 180° dans la politique américaine face au changement climatique.

Mais à la veille de la conférence de Copenhague sur le climat, qu’en est-il de l’attitude des Etats Unis face à ce problème qui touche l’ensemble de la planète ? Le président Obama sera-t-il à la hauteur des espérances?

Le président des États-Unis se dit confiant pour que le sommet mondial sur le climat débouche sur "une avancée importante", concédant toutefois que tous les problèmes n'y seraient pas résolus. Lors de ses entretiens avec monsieur Reinfeldt, premier ministre suédois, il a affirmé que si tous les pays voyaient dans la conférence de Copenhague une chance unique, alors il serait possible de parvenir à un accord important pour créer les conditions nécessaires à de nouveaux progrès à l’avenir. Cela signifie donc que le président américain ne croit pas lui non plus, que le rendez vous de décembre 2009 sera l’occasion d’élaborer un traité complet sur le changement climatique et les émissions de gaz à effet de serre, qui prendrait la suite du protocole de Kyoto de 1997. Ce ne serait que l’occasion d’établir un cadre propice à des engagements ultérieurs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Malgré le fait que Barack Obama souligne l’urgence de la situation et l’intention de son pays de s’impliquer dans cette lutte, rien n’est clairement défini. Un projet de loi sur le climat est actuellement en discussion devant le Congrès américain. Il préconise une diminution des émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici à 2020. Toutefois l’année de référence prise en compte pour cette diminution n’est pas 1990 comme c’est le cas dans le protocole de Kyoto, mais 2005. Cette différence est de taille quand on sait qu’entre ces deux années il y a eu une forte augmentation du pourcentage moyen des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Le projet de loi propose également divers systèmes de promotion des énergies plus propres. Enfin, et c’est important, ce projet propose de mettre en place aux Etats Unis un marché du carbone comme il en existe un au niveau mondial depuis le protocole de Kyoto. On peut imaginer qu’il y aurait des quottas d’émission de gaz à effet de serre fixés pour chaque Etat fédéré et que ceux-ci pourraient transférer des unités de gaz à effet de serre (certains diront des unités de « droit à polluer ») selon qu’un Etat est créditeur et qu’un autre est demandeur. Chaque entité fédérée mettrait en place des banques du carbone en instaurant une répartition entre les entreprises des unités de gaz à effet de serre.

Ce projet de loi apparait certes comme étant ambitieux, mais en réalité ce sont les plus grands pollueurs du pays qui en ont largement déterminé le contenu notamment en réclamant que l’année de référence soit 2005. Ceci démontre encore une fois l’importance du lobbying aux Etats Unis. De plus il est en train de s’enliser devant le Congrès américain. En effet, la priorité actuelle de l’administration américaine n’est pas celle du climat mais plutôt celle de la réforme du système de santé aux Etats Unis. Si ce projet de loi est adopté se ne sera certainement pas avant 2010 donc après la réunion tant attendue de Copenhague.

Monsieur Obama même s’il y met de la bonne volonté, risque quand même d’arriver les mains vides en décembre au Danemark. Il faut espérer que cela ne présage pas de mauvais résultats pour les négociations à venir.


M D




jeudi 19 novembre 2009

Deux Etats volontaires, un accord commun… et un véritable espoir pour Copenhague ?



Le 14 novembre 2009, les présidents français et brésilien ont présenté, à Paris, un texte commun introduisant les grandes lignes de l’accord qu’ils aimeraient proposer lors du Sommet de Copenhague de décembre prochain sur le climat.

Reposant en réalité sur le « plan justice-climat » proposé à la fin du mois d’octobre 2009 par Jean-Louis Borloo, le ministre français de l’Ecologie, cet accord comporte différents points : le respect des recommandations du GIEC (une baisse de 25 à 40% des émissions de GES des pays riches d’ici 2020), un calendrier flexible pour les pays riches n’ayant pas entamé leurs réductions (les Etats-Unis étant implicitement visés), la décarbonation progressive (et dans un délai plus long que pour les pays riches) des économies des Etats émergents (les Etats du B(R)ICSAM), l’aide à l’adaptation et à un développement décarboné des pays pauvres, et enfin la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement (OME) qui serait calquée sur l’OMC et qui soutiendrait et contrôlerait les engagements des Etats.

Le Brésil ayant adopté un plan similaire, tout l’enjeu est désormais, pour la France et le Brésil, de convaincre et rassembler derrière eux, durant le mois qui nous sépare du Sommet de Copenhague, une majorité d’Etats afin d’isoler les Etats-Unis et la Chine, pour lesquels obtenir un accord contraignant dès le Sommet de Copenhague serait « irréaliste ». En d’autres termes, l’enjeu pour la France et le Brésil, mais également pour tous les autres Etats du monde, est de ne pas se laisser prendre en otage par les Etats-Unis et la Chine qui souhaitent une adaptation de l’agenda international à leurs propres agendas nationaux, et donc à leurs intérêts particuliers, qui sont assez semblables d’un point de vue environnemental. En effet, la stratégie des Etats-Unis et de la Chine n’est pas de rejeter catégoriquement un accord sur le climat, même contraignant (quoique…), mais il s’agit simplement de retarder cet accord, afin de gagner du temps pour s’adapter aux exigences d’un développement propre : les Etats-Unis comme la Chine visent les positions de leaders dans le secteur des énergies renouvelables (la Chine, par exemple, est l’un des premiers investisseurs de la planète en technologies propres), mais une réduction trop immédiate de leurs rejets de GES desservirait leurs intérêts économiques à court et moyen terme.


Mais comment parvenir à convaincre les Etats du monde d’isoler les Etats-Unis et la Chine pour les contraindre à accepter que le Sommet de Copenhague soit le tournant environnemental tant attendu ?

Tout d’abord, le « plan justice-climat » propose de mettre en place, au profit des pays pauvres, une taxe sur les flux financiers mondiaux, qui consisterait en un financement mécanique de l’aide, qui ne dépendrait donc plus seulement des fonds accordés par les pays riches (système dans lequel l’aide accordée variait en fonction de la bonne volonté des pays riches) ; ensuite, pour tenter de rallier l’Inde, il est proposé que l’aide soit accordée aux pays dont les émissions de GES sont inférieures à 2 tonnes par habitant et par an (celles de l’Inde étant de 1,2 tonnes, tandis que celles de la Chine avoisinent les 5 tonnes) ; enfin, la flexibilité de calendrier pour les pays riches qui n’auraient pas encore entamé leur réduction d’émissions de GES incite ces derniers à prendre part au processus… de sorte que la porte reste ouverte, notamment aux Etats-Unis.

C’est donc finalement un plan qui n’usurpe pas son nom qui est avancé par la France et le Brésil puisqu’il s’agit bien d’une « justice-climat », au sens où chacun est responsable de ses pollutions, mais reçoit une aide (financière ou sous forme de délai) afin qu’il puisse faire une transition progressive vers une économie plus décarbonée. C’est finalement une réaffirmation du principe de responsabilité commune mais différenciée avancée dans le Protocole de Kyoto, mais également un affinement de ce principe : les plus gros pollueurs sont définis en fonctions de leurs rejets et, à ce titre, doivent limiter leurs émissions, mais de façon réaliste (d’où la mise en place des mécanismes de flexibilité).

On constate que les pollueurs ne sont plus cités dans une liste pré-établie et n’ayant pas vocation à évoluer, mais qu’au contraire ils sont déterminés en fonction de leurs rejets de pollution. Aussi ce mécanisme est-il plus juste non seulement d’un point de vue environnemental, mais également d’un point de vue politique : les Etats émergents, et notamment la Chine, ne peuvent plus se classer au nombre des pays en développement et en tirer argument pour affirmer leur solidarité avec les Etats de ce groupe, car, finalement, les Etats émergents sont désolidarisés du groupe des Etats du Sud puisqu’ils sont responsables autant que victimes du changement climatique, tandis que les Etats non-émergents sont seulement victimes. Prétendre défendre les intérêts des pays pauvres à Copenhague est un mensonge pur et simple de la part d’Etats qui ne sont pas capables d’apporter des solutions de croissance verte aux pays en développement. A cet égard, ce sont bien les pays du Nord qui sont les seuls à pouvoir apporter, pour le moment, ce soutien aux pays en développement… Et c’est ce soutien qui est précisément mis en œuvre dans le « plan justice-climat » proposé par la France et le Brésil.


Il se pourrait donc fort bien que cette initiative de la France et du Brésil conduise à de réelles avancées environnementales lors du Sommet de Copenhague : le contenu du « plan justice-climat » étant véritablement équitable, il y a de forte chances que les Etats de tout bord se rassemblent pour le soutenir ; par ailleurs, il semble que la tournée mondiale commencée par la France et le Brésil pour promouvoir ce plan, et avec elle le spectre du nouveau jeu diplomatique mondial qui pourrait en émerger, ait fait réagir les Etats-Unis et la Chine puisque, le 17 novembre 2009, ces deux Etats ont annoncé qu’ils souhaitaient que le Sommet de Copenhague ne soit pas un accord partiel ni une déclaration politique, mais plutôt un accord avec « effet immédiat » !
Finalement, l’espoir renaît… Rendez-vous à Copenhague !

R. L.

mercredi 18 novembre 2009

« Ce n'était pas un forum de décision »


       Une devinette qui nous vient de Madame Connie Hedegaard qui habite à Copenhague au Danemark : Je n’étais pas un forum de décision mais j’ai été très constructif, que suis-je ? Réponse : La réunion de 44 ministres de l’environnement.


       Comme prévue (voir l’article une double conception du temps et des objectifs), la réunion qui s’est tenue pendant deux jours à Copenhague, qualifiée par beaucoup comme l’ultime (à moins qu‘une prochaine ne soit programmée d’ici là) réunion préparatoire avant le sommet de L’ONU, n’a pas débouché sur une quelconque décision. Mais l’absence de décision ne signifie pas pour autant que cette réunion n’a servi à rien, et c’est ce que semble dire madame Hedegaar, ministre Danoise de l’environnement.


       On peut néanmoins imaginer que les discussions ont beaucoup tourné autour des États Unis, qui ont la particularité d’être l’un des plus gros consommateurs et producteurs d’énergie, un pays qui n’a pas ratifié le protocole de Kyoto et enfin un pays, qui ne s’est pas encore engagé à une réduction chiffrée de ses émissions de gaz à effet de serre. Dès lors, on comprend mieux le remake du ministre français de l’écologie, de la célèbre réplique : Copenhague « Nous avons un problème… clair avec nos amis américains".


       Mais si le cas de l’ami Américain a sûrement fait parler pendant cette réunion, c’est surtout qu’à lui seul, Barack Obama pendant son voyage en Asie, a piqué la vedette aux 44 ministres réunis. Mais ce n’est pas plus mal, car contrairement à ces derniers, M. Obama aurait trouvé un accord avec son homologue chinois. En effet, le président américain a déclaré que leur but « n'était pas un accord partiel ni une déclaration politique, mais plutôt un accord qui couvre toutes les questions dans les négociations » et a assuré qu'un accord à Copenhague « devait conclure des objectifs de réduction des émissions des pays industrialisés ». Sont ce les prémisses d’un engagement tant attendu de la part des Etats Unis et de la Chine ? C’est ce que laisse à croire leurs présidents respectifs en déclarant que chacun d’entre eux « prendrait des actions de réduction significatives et respecterait ses engagements »


       Des déclarations qui réjouiront donc, si elles sont suivies d’effets, tout ceux qui attendent de la part des ces deux états un geste fort et qui fait espérer à Monsieur Rasmussen, premier Ministre Danois, la signature à Copenhague en décembre d’un accord à effet immédiat.


       Le grand jeu des prédictions, sur ce à quoi va déboucher le sommet de l’ONU en décembre va donc continuer encore quelques jours, puisqu’avec les hypothèses d’un accord politique et d’un traité contraignant apparaît désormais celle d’un accord politique contraignant.
       Une hypothèse d’autant plus encourageante si elle est accompagnée d’un effet immédiat et pour cela, les puissants de l’hémisphère nord doivent prendre conscience que si ils leur appartient de s’engager pour limiter les effets futurs d’un réchauffement climatique, les pays du sud eux en subissent déjà les effets. Dès lors, il ne s’agit plus de repousser l’échéance à Mexico en 2010 mais d’agir dès maintenant pour réduire les émissions et aider financièrement ceux qui doivent déjà s’adapter au changement de climat.


D.R

lundi 16 novembre 2009

Une double conception du temps et des objectifs.


La conférence de Copenhague suscite une attente importante aux 4 coins du globe, mais tout le monde ne vit pas cette attente de la même façon. Il y a ceux qui trouvent le temps long d’ici le 7 décembre et qui mangent les chocolats du calendrier de l’Avant Copenhague, qu’ils ont confectionné avec un empressement non dissimulé. Mais aussi ceux qui voient la date se rapprocher à une vitesse folle.
Bien évidemment, les acteurs de la conférence font partie de la seconde catégorie ou du moins, c’est le cas de ceux qui souhaitent voir dans la capitale Danoise, la naissance d’un traité contraignant.
 
À l’origine de cette double perception du temps, on retrouve les divergences entre globalement les États du Nord et ceux du Sud qui existent encore à quelques jours du début des discussions, sur la nature de l’accord qui sera conclu.
S’il paraît normal qu’une telle conférence soit à l’origine de divergences, la difficulté vient du fait qu’elles concernent en l’espèce deux points essentiels : les objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre et les moyens de financer la lutte contre le réchauffement.
 
C’est donc dans ce contexte qu’une quarantaine de ministres de l’environnement ont décidé de se retrouver à Copenhague aujourd’hui et demain pout tenter d’avancer dans la préparation de la conférence. Une énième occasion de débattre sur les deux débouchés envisageables de la conférence des parties.
 
D’un côté, les représentants de la Chine et des  États-Unis viendront donc défendre l’idée d’un simple accord politique. Une idée commune adoptée par le président américain et les dirigeants des pays de l’Asie et du Pacifique lors du Sommet de Singapour de ce week-end.
En face, ceux qui soutiennent l’idée d’un accord contraignant sur la base d’une réduction des gaz à effet de serre et d’une date butoir pour y parvenir.  Parmi eux, les représentants de l’Europe des 15, forts du rapport de l’Agence Européenne pour l’Environnement selon lequel les objectifs fixés pour ces quinze États seraient à l’heure actuelle, en passe d’être atteints.
 
C’est donc sans risque de trahir un secret que l’on peut révéler les questions qui feront l’objet du débat. En premier lieu, les objectifs de réductions des gaz à effet de serre dans les pays industrialisés, en second lieu les mesures a adopté par les pays en développement afin de freiner l'augmentation de leurs émissions et en dernier lieu, l’éternelle question des fonds pour aider les pays pauvres à s'adapter aux changements climatiques.
 
Mais que les gourmands se rassurent, car il y a fort à parier que le chocolat de l’Avant  Copenhague de demain soir (17 novembre), ne sera ni meilleur ni plus amer que celui d’aujourd’hui car les chances de voir les parties se mettre d’accord, en particulier sur un traité contraignant, sont faibles.

D.R

vendredi 13 novembre 2009

La Chine peut faire la pluie et le beau temps.


        
         Parce que nous vivons tous sur la même planète, les questions de l’environnement concernent donc tout le monde, pour autant tout le monde ne se sent pas concerné. L’une des principales difficultés de la protection de l’environnement réside dans la capacité que beaucoup ont,  à retomber dans l’enfance et à reporter leurs responsabilités sur celles des autres par une très célèbre phrase répandue dans toutes les cours de récréation : « c’est pas moi c’est lui ».

         Mais la récréation est bientôt finie et la classe avec ses plus de 180 élèves reprendra du 7 au 18 décembre à Copenhague. Nous retrouverons bien sûr les bons élèves tels que la Suède, l’Allemagne et heureusement quelques autres au premier rang et tout au fond de la classe à côté du radiateur, la Chine, les Etats-Unis et malheureusement bien d’autres. Il ne s’agit pas ici de mettre en avant le problème des classes surchargées, mais de réagir suite aux déclarations de la Chine quant à ses réductions d’émissions de CO2.



         En effet, dans le domaine de l’environnement la Chine a toujours présenté l’avantage d’être un bon exemple de ce qu’il ne faut pas faire. L’usine du monde comme certains l’appellent, a connu une croissance économique spectaculaire faisant d’elle la 3ème puissance économique mondiale. Mais cette ascension s’est jusqu’à présent faite, au détriment de l’environnement et si la Chine a inventé la boussole, on peut néanmoins se demander si elle n’a pas perdu le Nord. A titre d’exemple, 70% de sa production énergétique est issue du charbon et 80% de ses déchets industriels sont rejetés dans les rivières et les fleuves sans aucun traitement. La rigueur chinoise, sa puissance et son souci du détail se retrouvent ainsi dans l’organisation de tout événement national. Pour être certaine que la météo ne viendra pas gâcher la fête la Chine manipule la météo.  Mais alors que la bonne vieille méthode écologique de la ronde autour du feu avec un collier de pattes de poulet a fait ses preuves depuis des siècle, les chinois eux préfèrent utiliser des bâtonnets d’iodure d’argent pour déclencher une averse artificielle anticipée, ou pour empêcher la formation de nuages menaçants. Une pratique aux conséquences environnementales douteuses,  mise en place pour la cérémonie des jeux Olympiques en 2008 mais aussi pour faire face à la sécheresse, faisant apparaître de la neige sur Pékin.


         Il semble donc que rien n’arrête la Chine, pas même le souci environnemental, et pourtant les récentes déclarations du premier ministre chinois pourraient faire mentir les plus pessimistes d’entre nous.

         Tout commence en septembre lorsque le président chinois Hu Jintao déclare devant l’assemblée de l’ONU que son pays allait réduire ses émissions de CO2 de façon notable. Une déclaration encourageante mais qui laissait planer quelques interrogations : réduire de combien et surtout à partir de quand ?


         Des interrogations en partie levées puisque des experts du Conseil chinois sur la coopération internationale pour l'environnement et le développement ont remis au gouvernement chinois des propositions sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’engagement de la Chine porterait sur une réduction de ses émissions par point de produit intérieur brut (PIB) de 4 à 5% par an, avec comme référence le niveau de l’année 2005. Une diminution qui serait la bienvenue pour que la Chine atteigne l’objectif de réduction de 90 % d’ici en 2050.


         La Chine entièrement dévouée au développement économique serait-t-elle en train de réaliser qu’environnement et développement économique sont compatibles ? C’est en tout cas ce que laisse à penser les déclarations du premier ministre qui a énoncé que « La Chine fera de la protection de l'environnement et de l'édification écologique de nouveaux moteurs de la croissance économique. »

Des déclarations qui tombent à point nommé, quelques jours avant la visite du président américain en Chine et surtout à un mois de la conférence de Copenhague. Les deux présidents se seraient d’ailleurs promis d'œuvrer ensemble pour le succès de cette dernière. Une promesse à mettre en parallèle avec l’avancée d’une alliance entre les Etats-Unis et le Japon qui pourrait se mettre en place pour développer une coopération dans le domaine des technologies "vertes", afin de mieux lutter contre le réchauffement climatique.


         Une actualité qui a donc de quoi surprendre et pourtant pas tant que ça, puisqu’il n’appartient qu’à la Chine et aux États-Unis  de rentrer enfin dans la cour des grands … protecteurs de l’environnement et de nous faire un remake de la guerre des boutons : la revanche des cancres. Et tant pis si un beau jour, la Chine et les États-Unis n’illustrent plus ce qu’il ne faut pas faire puisqu’à l’heure actuelle, il existe encore les exemples de l’Inde, du Brésil et malheureusement bien d’autres.  



D.R

jeudi 12 novembre 2009

Copenhague 2009 : Le Noël de la Planète ?


Comme chaque année, le calendrier du mois de Décembre 2009 sera parsemé de croix. Mais cette année, aux croix du 25 et du 31, se joint celle du 18 décembre, date de la clôture de la conférence de Copenhague. La question que beaucoup se posent est alors de savoir si le 18 décembre aura un goût de Noël avant l’heure pour la planète…

En  effet, les chefs de gouvernement ou leurs représentants pour certains pays, disposent de 11 jours pour rédiger ce que l’on pourrait qualifier, pour continuer dans cette métaphore, de liste au père Noël. Une liste qui aura nécessité, comme celles de bons nombres d’enfants,  des heures de réflexions mais surtout des moments de doutes, d’hésitations et de conflits. En effet, les négociations qui ont précédé la conférence de Copenhague ont permis de souligner toute la difficulté d’établir une telle liste. Si certains états sont ambitieux, d’autres sont plus réticents et semblent privilégier des objectifs plus raisonnables, la raison sans doute à la prise de conscience que cette année encore les états n’ont pas été sages avec la planète et qu’ils ne sont pas dans le bon tempo pour réaliser les objectifs fixés par le protocole de Kyoto.

Des négociations préliminaires

Les états membres de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique se sont donc donnés rendez-vous à Copenhague, pour négocier des suites à donner au protocole de Kyoto pour la période post 2012.  Pour autant, un tel rendez-vous exige certaines négociations préalables, c’est pourquoi les différents États se sont rencontrés tout au long de l’année 2009.

C’est ainsi que les chefs d’états du G8 se sont rassemblés au mois de Juillet à l’Aquila, trois mois après les terribles tremblements de terre qui ont ravagé la ville. Pour autant ce sommet n’aura malheureusement pas déclenché les secousses attendues en ce qui concerne les questions environnementales. De prime abord, on pourrait se satisfaire du constat dressé à la fin de ce sommet puisque les membres du G8 s’accordent sur un point : la température ne doit pas augmenter de plus de 2°C par rapport à la température moyenne du début de la révolution industrielle et à  cette fin, il convient pour les pays industrialisés de réduire de 80%  leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Néanmoins, cette déclaration pleine de bon sens oublie de mentionner une année de référence en ce qui concerne la baisse de 80% et surtout les moyens d’action et le montant de l’aide financière envers les pays pauvres.

De son côté, l’Union Européenne a profité du mois d’Octobre pour peaufiner la position qui sera la sienne lors de la conférence de Copenhague. Dans sa déclaration, l’Union Européenne confirme en premier lieu qu’il est nécessaire d’agir pour que le réchauffement climatique ne dépasse pas les 2°c et en second lieu, que l’objectif à atteindre soit celui d’une réduction de 50%  au niveau mondial et de 80% dans les pays développés d’ici 2050. Une position ambitieuse qui s’inscrit dans la mouvance actuelle. Mais pour aller plus loin, les membres de l’Union invitent les parties de la CNUCC à prendre en compte les émissions de gaz à effet de serre issues du transport aérien et maritime jusqu’alors écarté par le protocole de Kyoto. La position des 27 appelle également  à une prise en compte plus sérieuse de la déforestation par un engagement de réduction chiffrée. Ce faisant, l’Union Européenne « RÉAFFIRME son engagement de réduire de 30% ses émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990 pour la période postérieure à 2012, à condition que d'autres pays développés s'engagent à des réductions d'émission comparables et que les pays en développement apportent une contribution adaptée à leurs responsabilités respectives et capacités. »
L’Union Européenne qui a toujours voulu être l’une des leaders dans le domaine de l’environnement semble donc vouloir montrer le chemin à suivre, par un engagement ambitieux mais soumis à condition. Une condition perçue par les plus optimistes comme un moyen de pression sur les autres états, alors que les plus pessimistes y voient une façon de se donner bonne conscience en énonçant des engagements qui, au vu du contexte actuel, pourraient ne jamais être pris.

Le financement au centre des débats.

Pour gâter la planète pour les fêtes de fin d’année, encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions et si les négociations sur les engagements de réductions sont difficiles, celles concernant les moyens d’action et surtout leurs financements le sont davantage. Les tensions provoquées par ces questions au sein de l’Union Européenne ont montré ce que laisse présager les négociations à Copenhague. En effet, c’est à la suite d’âpres discussions que l’Union Européenne est parvenue dans sa position commune à estimer l’aide financière nécessaire à 100 milliards d’euros par an d’ici 2020, sans pour autant parvenir à préciser le mode de contribution entre les pays de l’UE. La difficulté sera donc toute autre au Danemark, d’autant plus après les déclarations des pays africains qui estiment l’aide nécessaire à 200 milliards d’euros.

Barcelone dernier round des négociations.

C’est à Barcelone que les délégués de 181 pays chargés d’établir un accord climatique post 2012, se sont donnés rassemblés pour avancer les négociations avant le grand rendez-vous du mois de Décembre. Une réunion marquée surtout par la menace de l’Afrique à vouloir quitter les négociations si les pays développés refusaient de voir leurs engagements à la hausse.  Si la réunion de Barcelone a permis de constater les tensions entre le Nord et le Sud sur les questions du climat, il n’a été fixé en revanche, aucun objectif de réduction d’émission, repoussant ainsi à Copenhague un éventuel consensus mondial. Éventuel en effet, car suite au déroulement des différentes négociations qui ont eu lieu au cours de cette année 2009, beaucoup se demandent sur quoi aboutira la conférence de Copenhague.

La liste au père Noël paraît donc à l’heure actuelle confuse, ce qui pousse à se demander si les acteurs réunis au Danemark parviendront a élaborer ce qui pourrait être l’un des plus beaux cadeaux faits à la Terre. Certains évoquent déjà la possibilité d’une simple déclaration politique avec en annexe, les engagements des différents pays, repoussant ainsi un accord global à une date ultérieure. Comme chaque année, le Noël 2009 offrira donc sont lot de bienheureux mais aussi de malheureux, déçus de ne pas voir tous leurs vœux se réaliser. Mais quoi qu’il en soit, si beaucoup regrettent que l’aspect financier flotte de plus en plus sur l’esprit de Noël, on peut d’ores et déjà être certains qu’il flotte  aussi sur l’esprit de Copenhague.

D.R