jeudi 17 décembre 2009

Tension et temps qui passe


       Suite aux deux journées quasi blanches de mardi et mercredi où les négociations ont repris avant d’être à nouveau stoppées, c’est aujourd’hui que les chefs d’états commencent à faire leur apparition au sein du Bella Center. Mais si certains d’entre eux pensaient venir pour se faire prendre en photo, signer un accord et repartir, alors leurs plans vont devoir être changés. On pensait depuis longtemps que l’intervention des chefs d’états allait permettre de débloquer les quelques points qui n’auraient pas réunis l’accord de tous. De toute évidence, il ne s’agira pas de sceller les derniers petits malentendus persistants, mais de débloquer la situation dans laquelle se sont embourbés les négociateurs lors de la première semaine et les ministres de l’environnement pendant la seconde. La situation est à ce point bloquée que la réussite de la conférence semble compromise.

       La peur d’un échec n’est pourtant pas la bienvenue, car elle pousse déjà chacun des participants à faire porter la faute sur son prochain, créant ainsi une tension permanente qui n’aide pas à trouver une issue. Une tension qui a d’ailleurs fait sa première victime en la personne de Connie Hedegaard, la présidente de la Conférence du climat de l'ONU qui a décidé de quitter son poste, pour « des raisons protocolaires » selon ses dires. Pourtant les critiques dont elle a fait l’objet ont peut être influencées sur sa décision. Des critiques portant notamment sur l’organisation de la conférence et la tenue de consultations en petits comités, mettant ainsi à l’écart certains pays. S’il ne m’appartiens pas d’émettre un quelconque jugement sur la tenue des discussions, on peut néanmoins s’interroger sur l’organisation tant celle-ci fait parler. Si les débats sont tendus à l’intérieur du Bella Center, ils sont carrément musclés à l’extérieur. De nombreuses images illustrent l’accueil qui est fait aux manifestants, mais que dire de l’accueil de ceux qui ont des invitations et qui doivent s’armer de patience, tant l’attente est longue pour arriver à se frayer un chemin jusqu’à l’entrée… qui leur aie parfois refusée. Si on ne peut pas reprocher aux organisateurs, l’affluence massive des militants venus encourager un résultat lors de la conférence, on peut tout de même se poser des questions sur les trop nombreuses accréditations attribuées par rapport au nombre de places disponibles (45 000 personnes tentent d’entrer dans le Bella Center qui n’offre que 15 000 places). Quoi qu’il en soit, c’est le premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen qui assumera désormais le poste de président de la conférence.

       Un poste que l’on peut difficilement lui envier tant la bonne conduite des négociations dans le peu de temps qu’il reste paraît difficile. Pour autant au milieu de la morosité ambiante, une lueur d’espoir a fait surface avec l’accord de six États (Australie, Japon, France, Norvège, Royaume Uni et États Unis) sur une contribution de 3,5 milliards de dollars pour financer la lutte contre la déforestation dans le cadre du programme REDD+ (le mécanisme destiné à rémunérer les pays qui protègent leurs forêts) pour la période 2010-2012. Faut-il pour autant remercier les États-Unis, considérés par beaucoup comme un des freins aux négociations, d’apporter presque un tiers de cette contribution (1 milliard) ?
Sans remettre en doute la bonne volonté américaine dans sa participation à la lutte contre la déforestation, on peut néanmoins se demander si ce geste ne vise pas plutôt à se donner bonne conscience.

       A la peur de s’engager, s’ajoute donc la tension et la méfiance sur les intentions de chacun et pourtant il ne reste plus qu’une trentaine d’heures aux acteurs de la conférence pour permettre un dénouement heureux. Le temps restant ne permet plus de perdre du temps à se montrer du doigt. Il faut désormais avoir de l’ambition pour la planète et finir en beauté ces deux semaines qui ne laisseront pas que des bons souvenirs. Pour cela, les chefs d’états doivent prendre conscience que les petits gestes ne suffiront pas à faire oublier l’échec potentiel de la conférence.

D.R

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