jeudi 11 novembre 2010

Etats d'âme et digressions d'un train


Qui suis-je? J'ai un surnom choc, je concerne un débat sociétal européen et j'ai bénéficié tant de l'attention des médias nationaux, européens et internationaux que des forces de l'ordre.

                    Non, je ne suis pas la dernière manifestation contre les retraites.
                    Je ne suis pas non plus 'la non venue' des supporters de l'OM au Parc des Princes.

Indices: je roule sur des rails et mes wagons portent le joli nom de 'castor'. J'ai mis cinq jours pour parcourir plus de 1000 km en m'arrêtant dans de nombreuses villes où de nombreuses personnes se sont déplacées pour me voir.

                    Et non! Je ne suis pas le train des 'pièces jaunes'.

Fin du suspens: je suis le convoi de déchets radioactifs affrété par Areva à destination de l'Allemagne afin que mes 123 tonnes de déchets 'hautement radioactifs vitrifiés' puissent y être stockés. Les ‘anti-nucléaires’ m'ont baptisé 'le train de l'enfer' et dénoncent ma très haute radioactivité (mesures de terrain à l'appui) ainsi que le caractère dangereux que représente un tel périple. Face à eux, mes responsables assurent que je peux supporter tant une collision avec un autre train que la chute d'un avion, de même que ma radioactivité est bien moindre que celle de mon prédécesseur en 2008 et qu'elle respecte les normes en vigueur. Chez moi tout fait débat, ma cargaison, ma destination, les politiques énergétiques prolongeant les durées de vie de ceux qui la produise (les élus allemands viennent d'adopter une loi prolongeant la vie de dix-sept centrales nucléaires). Je ne suis donc pas près de prendre ma retraite et il semble que seules les grèves sauront m'arrêter.

De tels convois sont pourtant fréquents en France. Par exemple 90% des déchets faiblement et moyennement radioactifs de courte durée de vie sont stockés dans l'Aude dans un centre dirigé par l'Agence Nationale pour la Gestion des Déchets radioactifs (ANDRA) (http://www.andra.fr/index.html) qui veille notamment à l'application de la réglementation relative au transport des marchandises dangereuses par la route (notamment l'accord européen relatif au transport international des marchandises dangereuses  par route tel que modifié et entré en vigueur le 1er janvier 2009).
(Texte et annexes téléchargeables à l'adresse suivante: http://www.unece.org/trans/danger/publi/adr/adr2009/09ContentsF.html).

Ainsi quelques 900 000 colis de déchets radioactifs circulent chaque année en France et le nombre d'évènements 'intéressants' relatifs au transport des matières radioactives reportés et inventoriés par l'IRSN (Institut  de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire; http://www.irsn.fr/FR/Pages/home.aspx) a diminué  de 27% entre 2005 et 2007 (80 en moyenne par an) pour un nombre  de transports constant.

De nombreux voyages donc. Aux origines diverses (centres hospitaliers, laboratoires de recherches, installations militaires...) qui produisent également des déchets et participent à la problématique de la gestion de ces derniers. Pourtant ces installations semblent épargnées par les déclarations et actions partisanes à l'encontre de l'énergie à laquelle elles ont recours. En conclusion si la cause du retrait est défendable, il serait néanmoins bon que les partisans du 'sortir du nucléaire' et 'l'anti-nucléaire' prennent soin de préciser leur pensée en communiquant sur les sujets ‘annexes’ du nucléaire, car il semble de prime abord, qu’une approche radicale pourrait avoir des conséquences dans d'autres domaines que la production d'électricité.

BLB

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