Qui suis-je? J'ai un surnom choc, je concerne un
débat sociétal européen et j'ai bénéficié tant de l'attention des médias
nationaux, européens et internationaux que des forces de l'ordre.
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Non, je ne suis pas la dernière manifestation
contre les retraites.
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Je ne suis pas non plus 'la non venue' des
supporters de l'OM au Parc des Princes.
Indices: je roule sur des rails et mes wagons
portent le joli nom de 'castor'. J'ai mis cinq jours pour parcourir plus de
1000 km en m'arrêtant dans de nombreuses villes où de nombreuses personnes se
sont déplacées pour me voir.
–
Et non! Je ne suis pas le train des 'pièces
jaunes'.
Fin du suspens: je suis le convoi de déchets
radioactifs affrété par Areva à destination de l'Allemagne afin que mes 123
tonnes de déchets 'hautement radioactifs vitrifiés' puissent y être stockés.
Les ‘anti-nucléaires’ m'ont baptisé 'le train de l'enfer' et dénoncent ma très
haute radioactivité (mesures de terrain à l'appui) ainsi que le caractère
dangereux que représente un tel périple. Face à eux, mes responsables assurent
que je peux supporter tant une collision avec un autre train que la chute d'un
avion, de même que ma radioactivité est bien moindre que celle de mon
prédécesseur en 2008 et qu'elle respecte les normes en vigueur. Chez moi tout
fait débat, ma cargaison, ma destination, les politiques énergétiques
prolongeant les durées de vie de ceux qui la produise (les élus allemands viennent
d'adopter une loi prolongeant la vie de dix-sept centrales nucléaires). Je ne
suis donc pas près de prendre ma retraite et il semble que seules les grèves
sauront m'arrêter.
De tels convois sont pourtant fréquents en France.
Par exemple 90% des déchets faiblement et moyennement radioactifs de courte
durée de vie sont stockés dans l'Aude dans un centre dirigé par l'Agence
Nationale pour la Gestion des Déchets radioactifs (ANDRA) (http://www.andra.fr/index.html) qui veille notamment à l'application de la
réglementation relative au transport des marchandises dangereuses par la route
(notamment l'accord européen relatif au transport international des
marchandises dangereuses par route tel
que modifié et entré en vigueur le 1er janvier 2009).
(Texte et annexes téléchargeables à l'adresse suivante: http://www.unece.org/trans/danger/publi/adr/adr2009/09ContentsF.html).
Ainsi quelques 900 000 colis de déchets
radioactifs circulent chaque année en France et le nombre d'évènements
'intéressants' relatifs au transport des matières radioactives reportés et
inventoriés par l'IRSN (Institut de
Radioprotection et de Sûreté Nucléaire; http://www.irsn.fr/FR/Pages/home.aspx) a diminué de 27% entre 2005 et 2007 (80 en moyenne par
an) pour un nombre de transports
constant.
(il est possible de consulter le rapport de l'IRSN à ce sujet à
l'adresse suivante: http://www.irsn.fr/FR/base_de_connaissances/Installations_nucleaires/transport/Documents/irsn_incidents-usage-civil_bilan-transports-1999-2007.pdf).
De nombreux voyages donc. Aux
origines diverses (centres hospitaliers, laboratoires de recherches,
installations militaires...) qui produisent également des déchets et
participent à la problématique de la gestion de ces derniers. Pourtant ces
installations semblent épargnées par les déclarations et actions partisanes à
l'encontre de l'énergie à laquelle elles ont recours. En conclusion si la cause
du retrait est défendable, il serait néanmoins bon que les partisans du 'sortir
du nucléaire' et 'l'anti-nucléaire' prennent soin de préciser leur pensée en
communiquant sur les sujets ‘annexes’ du nucléaire, car il semble de prime
abord, qu’une approche radicale pourrait avoir des conséquences dans d'autres
domaines que la production d'électricité.
BLB
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