dimanche 22 novembre 2009


OBAMA FACE AU CLIMAT

En juillet 2008, alors qu’il n’était que candidat à la présidence américaine Barack Obama en tournée européenne, avait appelé l’Europe à s’engager dans les luttes qui menacent la planète, dont celle contre le réchauffement climatique. Il paraissait donc à cette époque déjà bien plus engagé dans cette cause que ne l’a jamais été son prédécesseur Georges W. Bush. Il est nécessaire de rappeler à cet égard que la politique de Monsieur Bush sur la question du changement climatique était assez lacunaire. En effet, il n’avait jamais ratifié le protocole de Kyoto de 1997 relatif à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, que le président Clinton avait pourtant signé. Cela alors que les Etats Unis sont un des plus gros pollueurs de la planète et de ce fait l’un des responsables majeurs du changement climatique.

Une fois élu, le nouveau président américain avait promis qu’il s’engagerait énergiquement dans les discussions sur le changement climatique. En novembre 2008 lors d’un sommet international consacré au changement climatique en Californie, il a fait savoir que pour lui « peu de défis auxquels les Etats-Unis et le monde font face, sont plus urgents que de combattre le changement climatique. La science ne se discute pas, et les faits sont clairs ». Il aurait même promis que son administration se fixerait de forts objectifs annuels en vue de réduire d'ici 2020 les émissions à leurs niveaux de 1990 et en les abaissant de 80% supplémentaires d'ici 2050. Cet engagement est aujourd’hui l’un des objectifs de la Conférence de Copenhague qui aura lieu en décembre 2009, c’est dire combien ce nouveau président était ambitieux.

Ces engagements ont été très vite suivis d’effets. Dès le 26 janvier 2009, le président Obama a signé deux protocoles présidentiels à ce sujet. Tous deux sont relatifs à l’établissement de normes plus strictes de consommation d’essence dans les voitures de fabrication américaine dès 2011. Le même jour un émissaire spécial des Etats Unis chargé des changements climatiques a été nommé en la personne de monsieur Todd Stern. Ces éléments, et bien d’autres démontrent, l’existence d’un virage à 180° dans la politique américaine face au changement climatique.

Mais à la veille de la conférence de Copenhague sur le climat, qu’en est-il de l’attitude des Etats Unis face à ce problème qui touche l’ensemble de la planète ? Le président Obama sera-t-il à la hauteur des espérances?

Le président des États-Unis se dit confiant pour que le sommet mondial sur le climat débouche sur "une avancée importante", concédant toutefois que tous les problèmes n'y seraient pas résolus. Lors de ses entretiens avec monsieur Reinfeldt, premier ministre suédois, il a affirmé que si tous les pays voyaient dans la conférence de Copenhague une chance unique, alors il serait possible de parvenir à un accord important pour créer les conditions nécessaires à de nouveaux progrès à l’avenir. Cela signifie donc que le président américain ne croit pas lui non plus, que le rendez vous de décembre 2009 sera l’occasion d’élaborer un traité complet sur le changement climatique et les émissions de gaz à effet de serre, qui prendrait la suite du protocole de Kyoto de 1997. Ce ne serait que l’occasion d’établir un cadre propice à des engagements ultérieurs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Malgré le fait que Barack Obama souligne l’urgence de la situation et l’intention de son pays de s’impliquer dans cette lutte, rien n’est clairement défini. Un projet de loi sur le climat est actuellement en discussion devant le Congrès américain. Il préconise une diminution des émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici à 2020. Toutefois l’année de référence prise en compte pour cette diminution n’est pas 1990 comme c’est le cas dans le protocole de Kyoto, mais 2005. Cette différence est de taille quand on sait qu’entre ces deux années il y a eu une forte augmentation du pourcentage moyen des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Le projet de loi propose également divers systèmes de promotion des énergies plus propres. Enfin, et c’est important, ce projet propose de mettre en place aux Etats Unis un marché du carbone comme il en existe un au niveau mondial depuis le protocole de Kyoto. On peut imaginer qu’il y aurait des quottas d’émission de gaz à effet de serre fixés pour chaque Etat fédéré et que ceux-ci pourraient transférer des unités de gaz à effet de serre (certains diront des unités de « droit à polluer ») selon qu’un Etat est créditeur et qu’un autre est demandeur. Chaque entité fédérée mettrait en place des banques du carbone en instaurant une répartition entre les entreprises des unités de gaz à effet de serre.

Ce projet de loi apparait certes comme étant ambitieux, mais en réalité ce sont les plus grands pollueurs du pays qui en ont largement déterminé le contenu notamment en réclamant que l’année de référence soit 2005. Ceci démontre encore une fois l’importance du lobbying aux Etats Unis. De plus il est en train de s’enliser devant le Congrès américain. En effet, la priorité actuelle de l’administration américaine n’est pas celle du climat mais plutôt celle de la réforme du système de santé aux Etats Unis. Si ce projet de loi est adopté se ne sera certainement pas avant 2010 donc après la réunion tant attendue de Copenhague.

Monsieur Obama même s’il y met de la bonne volonté, risque quand même d’arriver les mains vides en décembre au Danemark. Il faut espérer que cela ne présage pas de mauvais résultats pour les négociations à venir.


M D




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