dimanche 29 novembre 2009

Changemement climatique : le débat est-il encore possible ?

Compte-rendu de la conférence du 27 novembre 2009, tenue à l’Université P. Cézanne d’Aix-en-Provence par Emmanuel MARTIN.

Emmanuel MARTIN est un économiste de formation qui, de son propre aveu, ne connaissait pas grand chose sur la problématique du changement climatique il y a encore quelques semaines. Pourquoi, dans ces conditions, s’estimer compétent pour organiser une conférence, qui plus est dans une faculté de droit et au risque d’être confronté à des étudiants en droit de l’environnement ? La réponse est simple : le but de cette conférence était de transmettre en urgence, et avant le Sommet de Copenhague, des informations capitales sur le GIEC – le groupe d’experts dont les rapports sur le climat et son évolution servent de base aux mesures chiffrées auxquelles les Etats sont priés de se soumettre – et qui remettent en question la scientificité (au sens de méthode strictement basé sur des faits, et par conséquent parfaitement objective) des rapports et des alertes de ce dernier. De telles accusations, basées sur la logique de raisonnement et sur des aspects scientifiques plus que sur des aspects juridiques, peuvent être comprises par tous, et il n’est pas nécessaire d’être expert pour faire preuve de logique.

Il s’est donc agi, pour M. Martin de dénoncer l’évidence d’une manipulation des données (et donc d’une fraude) par les scientifiques du GIEC, opération en contradiction avec la méthode scientifique qui cherche à établir une vision objective des choses, et qui a récemment été répercutée sur Internet (mais, bizarrement, assez peu dans la presse !) : l’affaire du Climate Gate.

En tant qu’économiste, M. Martin a, avant toute chose, précisé qu’il était avant tout un scientifique – l’économie étant la science du complexe selon lui – et que son objectif n’était donc pas de prendre parti, mais, en bon scientifique, de s’en tenir aux faits pour avoir une vision objective des choses. A cet égard, il a fait un exposé impartial des faits pour conclure que la lutte contre le réchauffement climatique cachait, derrière des apparences d’utilité publique, la protection d’intérêts particuliers et… économiques !

Il faut également préciser que, tout au long de son exposé, M. Martin a rappelé qu’il s’insurgeait non pas contre la lutte contre les émissions de CO2 et de GES, mais bien contre l’invalidité de la base qui justifie l’action dans ce domaine, contre la manipulation opérée par le GIEC.

La conférence s’est axée autour de trois points : après avoir mis en évidence le fait que le réchauffement concerne plus la climatologie que le climat, M. Martin a présenté les e-mails accablants des membres de l’Unité de Recherche sur le Climat (CRU) du GIEC par lesquels le scandale du Climate Gate s’est révélé sur Internet, pour enfin montrer les raisons pour lesquelles les fraudes n’ont pas été plus relayées dans la presse, pour expliquer, en d’autres termes, à qui profite le crime.

Le réchauffement… de la climatologie ?

Il existe un débat scientifique qui n’est pas encore terminé sur le fait de savoir s’il existe une relation causale entre les émissions anthropiques de CO2 et le changement climatique. Certains « climato-sceptiques », scientifiques ou non, tels MM. Leroux et Allègre, réfutent non pas les aspects potentiellement néfastes du CO2, mais la place centrale qui lui est donnée par le GIEC, et se demandent donc s’il est pertinent de mettre en œuvre des mesures politiques fondées sur des conclusions scientifiques contestables.

Avant d’expliquer les différentes causes possibles du réchauffement climatique, M. Martin rappelle que, selon le GIEC, il y aurait eu un réchauffement du climat mondial de 0,74 C° en 60 ans et que cette augmentation de température serait le fruit d’une augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère. En effet, le GIEC publie régulièrement des rapports sur l’état du climat dans lesquels la fameuse « courbe de Mann » indique une alternance équilibrée entre des périodes froides et des périodes chaudes puis, à partir du début des années 1900 jusqu’à nos jours, une augmentation brutale des températures. Etablie notamment à partir de la dendrochronologie (méthode d’estimation temporelle à partir d’une mesure des anneaux des arbres), cette courbe est fortement critiquée par les climato-sceptiques notamment parce qu’elle camoufle certains phénomènes dont l’existence est certaine, et notamment l’optimum médiéval – un pic des températures, entre le Xe et le XIVe siècles, atteignant des valeurs comparables aux valeurs actuelles. Les climato-sceptiques mettent notamment en avant le fait que les rapports du GIEC seraient donc biaisés, et pire, volontairement biaisés. M. Martin a notamment mis en avant le fait que la courbe de Mann n’apparaissait pas dans le dernier rapport du GIEC de 2007, peut-être par peur des critiques envers cette courbe.

Toujours selon les opposants aux explications proposées (imposées ?) par le GIEC, ce serait la hausse des températures qui serait la cause de l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère et non l’inverse. La hausse des températures s’expliquerait de différentes manières : par rapport à la position de la Terre sur son ellipse autour du Soleil (tantôt proche du Soleil, tantôt très éloignée) ; par rapport aux cycles d’activité du Soleil ; par rapport aux bombardements cosmiques sur la formation des nuages ; enfin Vincent Courtillaud, géophysicien de renom et contradicteur du GIEC, affirme que l’inclinaison de l’axe de la Terre et la pression des équinoxes pourraient être à l’origine du réchauffement climatique.

De nombreux travaux scientifiques montrent que depuis 1998 le climat se stabilise et que même à certains endroits de la Terre les températures baissent. Le quotidien Le Monde, dans un article du 21 octobre 2009 intitulé « Climat : et si le réchauffement faisait une pause ? », fait référence à ce phénomène et indique qu’entre 1998 et 2008 la tendance moyenne a été d'une croissance de 0,02 ºC par décennie c'est-à-dire une croissance quasiment nulle.

Enfin selon les travaux du GIEC, le CO2 est une cause 20 fois plus puissante que l’effet du soleil dans la détermination du climat. Ce serait donner 6 fois trop de poids au CO2 et 10 fois pas assez d’importance au Soleil dans la détermination du changement climatique.

M. Martin conclut donc, avec humour, que le GIEC ignore les théories concurrentes et que, de ce fait, il ne serait pas à l’origine d’étude scientifiques mais d’un dogme de l’origine anthropique du changement climatique. Il rappelle également que, dans les années 1970, la menace climatique était celle… du refroidissement climatique !

Le Climate Gate
Mais ce qui a conduit M. Martin à s’intéresser à la question du réchauffement climatique est avant tout une affaire qui a récemment éclaté au grand jour sur Internet : le Climate Gate. Il s’agit de mails accablants des plus éminents membres de l’Unité de Recherche sur le Climat (CRU) du GIEC, dans lesquels ceux-ci parlent des données trafiquées afin d’obtenir la courbe voulue, de leur difficulté à expliquer l’absence réelle de réchauffement depuis 1998, du fait qu’ils préfèreraient détruire les données de base plutôt que de les communiquer à d’autres, etc. La véracité de ces mails a été reconnue par les membres du CRU eux-mêmes, et pourtant la presse française a assez peu relayé cette information – hormis un article du Monde de novembre 2009 qui fait référence à un des mails écrit par Phil Jones, le directeur du CRU.

Sur la base de ces mails et de nombreux autres, M. Martin estime que les scientifiques du CRU – donc le GIEC – sont des fraudeurs et des manipulateurs.

Enfin, M. Martin a pointé du doigt le fait qu’Al Gore, l’ex-candidat à la présidence états-unienne, ruiné à la suite de son échec, serait, grâce à son film Une vérité qui dérange (truffé d’éléments erronés) devenu le premier « carbon billionaire » (milliardaire du carbone).

Les politiques publiques

Qui profite des manipulations du GIEC ? Pourquoi, en une vingtaine d’années, les Etats se sont-ils tant intéressés à la question du réchauffement climatique ?

M. Martin a mis en évidence l’existence d’un projet de loi états-unien, le Waxman Markey Bill, qui met en place des permis d’émission de GES négociables, sur le modèle du marché carbone du protocole de Kyoto. Cette législation a pour objectif une réduction de 80% des émissions carbonés aux Etats Unis d’ici 2050. Si ce projet de loi promeut les énergies vertes, il met aussi en place un système de barrières douanières à l’encontre des produits importés depuis des pays gros émetteurs de CO2. De même, en France, avec la Contribution Climat-Energie (ou taxe carbone), et dans de nombreux autres Etats, des législations sont prises sur la base des travaux du GIEC pour lutter contre les émissions de CO2.

Toutes ces mesures environnementales seraient autant de justifications à l’instauration d’un « protectionnisme vert », nouvel instrument pour lutter contre les aspects désavantageux du libre-échange. Au final, ce seraient une fois encore les pays du Sud qui pâtiraient de ces mesures et ce serait le développement de plus de 4 milliards d’êtres humains qui serait mis en péril.

Pour conclure, M. Martin a rappelé qu’il faut rester attentif et faire confiance à ses propres capacités de réflexions, qu’enfin, « la vérité n’est pas unique »…

… A discuter !

         M. D., R. L., et F. P.


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