jeudi 12 novembre 2009

Copenhague 2009 : Le Noël de la Planète ?


Comme chaque année, le calendrier du mois de Décembre 2009 sera parsemé de croix. Mais cette année, aux croix du 25 et du 31, se joint celle du 18 décembre, date de la clôture de la conférence de Copenhague. La question que beaucoup se posent est alors de savoir si le 18 décembre aura un goût de Noël avant l’heure pour la planète…

En  effet, les chefs de gouvernement ou leurs représentants pour certains pays, disposent de 11 jours pour rédiger ce que l’on pourrait qualifier, pour continuer dans cette métaphore, de liste au père Noël. Une liste qui aura nécessité, comme celles de bons nombres d’enfants,  des heures de réflexions mais surtout des moments de doutes, d’hésitations et de conflits. En effet, les négociations qui ont précédé la conférence de Copenhague ont permis de souligner toute la difficulté d’établir une telle liste. Si certains états sont ambitieux, d’autres sont plus réticents et semblent privilégier des objectifs plus raisonnables, la raison sans doute à la prise de conscience que cette année encore les états n’ont pas été sages avec la planète et qu’ils ne sont pas dans le bon tempo pour réaliser les objectifs fixés par le protocole de Kyoto.

Des négociations préliminaires

Les états membres de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique se sont donc donnés rendez-vous à Copenhague, pour négocier des suites à donner au protocole de Kyoto pour la période post 2012.  Pour autant, un tel rendez-vous exige certaines négociations préalables, c’est pourquoi les différents États se sont rencontrés tout au long de l’année 2009.

C’est ainsi que les chefs d’états du G8 se sont rassemblés au mois de Juillet à l’Aquila, trois mois après les terribles tremblements de terre qui ont ravagé la ville. Pour autant ce sommet n’aura malheureusement pas déclenché les secousses attendues en ce qui concerne les questions environnementales. De prime abord, on pourrait se satisfaire du constat dressé à la fin de ce sommet puisque les membres du G8 s’accordent sur un point : la température ne doit pas augmenter de plus de 2°C par rapport à la température moyenne du début de la révolution industrielle et à  cette fin, il convient pour les pays industrialisés de réduire de 80%  leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Néanmoins, cette déclaration pleine de bon sens oublie de mentionner une année de référence en ce qui concerne la baisse de 80% et surtout les moyens d’action et le montant de l’aide financière envers les pays pauvres.

De son côté, l’Union Européenne a profité du mois d’Octobre pour peaufiner la position qui sera la sienne lors de la conférence de Copenhague. Dans sa déclaration, l’Union Européenne confirme en premier lieu qu’il est nécessaire d’agir pour que le réchauffement climatique ne dépasse pas les 2°c et en second lieu, que l’objectif à atteindre soit celui d’une réduction de 50%  au niveau mondial et de 80% dans les pays développés d’ici 2050. Une position ambitieuse qui s’inscrit dans la mouvance actuelle. Mais pour aller plus loin, les membres de l’Union invitent les parties de la CNUCC à prendre en compte les émissions de gaz à effet de serre issues du transport aérien et maritime jusqu’alors écarté par le protocole de Kyoto. La position des 27 appelle également  à une prise en compte plus sérieuse de la déforestation par un engagement de réduction chiffrée. Ce faisant, l’Union Européenne « RÉAFFIRME son engagement de réduire de 30% ses émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990 pour la période postérieure à 2012, à condition que d'autres pays développés s'engagent à des réductions d'émission comparables et que les pays en développement apportent une contribution adaptée à leurs responsabilités respectives et capacités. »
L’Union Européenne qui a toujours voulu être l’une des leaders dans le domaine de l’environnement semble donc vouloir montrer le chemin à suivre, par un engagement ambitieux mais soumis à condition. Une condition perçue par les plus optimistes comme un moyen de pression sur les autres états, alors que les plus pessimistes y voient une façon de se donner bonne conscience en énonçant des engagements qui, au vu du contexte actuel, pourraient ne jamais être pris.

Le financement au centre des débats.

Pour gâter la planète pour les fêtes de fin d’année, encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions et si les négociations sur les engagements de réductions sont difficiles, celles concernant les moyens d’action et surtout leurs financements le sont davantage. Les tensions provoquées par ces questions au sein de l’Union Européenne ont montré ce que laisse présager les négociations à Copenhague. En effet, c’est à la suite d’âpres discussions que l’Union Européenne est parvenue dans sa position commune à estimer l’aide financière nécessaire à 100 milliards d’euros par an d’ici 2020, sans pour autant parvenir à préciser le mode de contribution entre les pays de l’UE. La difficulté sera donc toute autre au Danemark, d’autant plus après les déclarations des pays africains qui estiment l’aide nécessaire à 200 milliards d’euros.

Barcelone dernier round des négociations.

C’est à Barcelone que les délégués de 181 pays chargés d’établir un accord climatique post 2012, se sont donnés rassemblés pour avancer les négociations avant le grand rendez-vous du mois de Décembre. Une réunion marquée surtout par la menace de l’Afrique à vouloir quitter les négociations si les pays développés refusaient de voir leurs engagements à la hausse.  Si la réunion de Barcelone a permis de constater les tensions entre le Nord et le Sud sur les questions du climat, il n’a été fixé en revanche, aucun objectif de réduction d’émission, repoussant ainsi à Copenhague un éventuel consensus mondial. Éventuel en effet, car suite au déroulement des différentes négociations qui ont eu lieu au cours de cette année 2009, beaucoup se demandent sur quoi aboutira la conférence de Copenhague.

La liste au père Noël paraît donc à l’heure actuelle confuse, ce qui pousse à se demander si les acteurs réunis au Danemark parviendront a élaborer ce qui pourrait être l’un des plus beaux cadeaux faits à la Terre. Certains évoquent déjà la possibilité d’une simple déclaration politique avec en annexe, les engagements des différents pays, repoussant ainsi un accord global à une date ultérieure. Comme chaque année, le Noël 2009 offrira donc sont lot de bienheureux mais aussi de malheureux, déçus de ne pas voir tous leurs vœux se réaliser. Mais quoi qu’il en soit, si beaucoup regrettent que l’aspect financier flotte de plus en plus sur l’esprit de Noël, on peut d’ores et déjà être certains qu’il flotte  aussi sur l’esprit de Copenhague.

D.R

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