Comme chaque année, le calendrier
du mois de Décembre 2009 sera parsemé de croix. Mais cette année, aux croix du
25 et du 31, se joint celle du 18 décembre, date de la clôture de la conférence
de Copenhague. La question que beaucoup se posent est alors de savoir si le 18
décembre aura un goût de Noël avant l’heure pour la planète…
En effet, les chefs de gouvernement ou leurs représentants pour
certains pays, disposent de 11 jours pour rédiger ce que l’on pourrait
qualifier, pour continuer dans cette métaphore, de liste au père Noël. Une
liste qui aura nécessité, comme celles de bons nombres d’enfants, des heures de réflexions mais surtout
des moments de doutes, d’hésitations et de conflits. En effet, les négociations
qui ont précédé la conférence de Copenhague ont permis de souligner toute la
difficulté d’établir une telle liste. Si certains états sont ambitieux,
d’autres sont plus réticents et semblent privilégier des objectifs plus
raisonnables, la raison sans doute à la prise de conscience que cette année
encore les états n’ont pas été sages avec la planète et qu’ils ne sont pas dans
le bon tempo pour réaliser les objectifs fixés par le protocole de Kyoto.
Des négociations
préliminaires
Les états membres de la
Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique se sont donc
donnés rendez-vous à Copenhague, pour négocier des suites à donner au protocole
de Kyoto pour la période post 2012.
Pour autant, un tel rendez-vous exige certaines négociations préalables,
c’est pourquoi les différents États se sont rencontrés tout au long de l’année
2009.
C’est ainsi que les chefs d’états
du G8 se sont rassemblés au mois de Juillet à l’Aquila, trois mois après les
terribles tremblements de terre qui ont ravagé la ville. Pour autant ce sommet
n’aura malheureusement pas déclenché les secousses attendues en ce qui concerne
les questions environnementales. De prime abord, on pourrait se satisfaire du
constat dressé à la fin de ce sommet puisque les membres du G8 s’accordent sur
un point : la température ne doit pas augmenter de plus de 2°C par rapport
à la température moyenne du début de la révolution industrielle et à cette fin, il convient pour les pays
industrialisés de réduire de 80%
leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Néanmoins, cette
déclaration pleine de bon sens oublie de mentionner une année de référence en
ce qui concerne la baisse de 80% et surtout les moyens d’action et le montant
de l’aide financière envers les pays pauvres.
De son côté, l’Union Européenne a
profité du mois d’Octobre pour peaufiner la position qui sera la sienne lors de
la conférence de Copenhague. Dans sa déclaration, l’Union Européenne confirme
en premier lieu qu’il est nécessaire d’agir pour que le réchauffement climatique
ne dépasse pas les 2°c et en second lieu, que l’objectif à atteindre soit celui
d’une réduction de 50% au niveau
mondial et de 80% dans les pays développés d’ici 2050. Une position ambitieuse
qui s’inscrit dans la mouvance actuelle. Mais pour aller plus loin, les membres
de l’Union invitent les parties de la CNUCC à prendre en compte les émissions
de gaz à effet de serre issues du transport aérien et maritime jusqu’alors
écarté par le protocole de Kyoto. La position des 27 appelle également à une prise en compte plus sérieuse de
la déforestation par un engagement de réduction chiffrée. Ce faisant, l’Union
Européenne « RÉAFFIRME son engagement de réduire de 30% ses émissions de
GES par rapport aux niveaux de 1990 pour la période postérieure à 2012, à
condition que d'autres pays développés s'engagent à des réductions d'émission
comparables et que les pays en développement apportent une contribution adaptée
à leurs responsabilités respectives et capacités. »
L’Union Européenne qui a toujours
voulu être l’une des leaders dans le domaine de l’environnement semble donc
vouloir montrer le chemin à suivre, par un engagement ambitieux mais soumis à
condition. Une condition perçue par les plus optimistes comme un moyen de
pression sur les autres états, alors que les plus pessimistes y voient une
façon de se donner bonne conscience en énonçant des engagements qui, au vu du
contexte actuel, pourraient ne jamais être pris.
Le financement au
centre des débats.
Pour gâter la planète pour les
fêtes de fin d’année, encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions et si
les négociations sur les engagements de réductions sont difficiles, celles
concernant les moyens d’action et surtout leurs financements le sont davantage.
Les tensions provoquées par ces questions au sein de l’Union Européenne ont
montré ce que laisse présager les négociations à Copenhague. En effet, c’est à
la suite d’âpres discussions que l’Union Européenne est parvenue dans sa
position commune à estimer l’aide financière nécessaire à 100 milliards d’euros
par an d’ici 2020, sans pour autant parvenir à préciser le mode de contribution
entre les pays de l’UE. La difficulté sera donc toute autre au Danemark,
d’autant plus après les déclarations des pays africains qui estiment l’aide
nécessaire à 200 milliards d’euros.
Barcelone dernier
round des négociations.
C’est à Barcelone que les
délégués de 181 pays chargés d’établir un accord climatique post 2012, se sont
donnés rassemblés pour avancer les négociations avant le grand rendez-vous du
mois de Décembre. Une réunion marquée surtout par la menace de l’Afrique à
vouloir quitter les négociations si les pays développés refusaient de voir
leurs engagements à la hausse. Si
la réunion de Barcelone a permis de constater les tensions entre le Nord et le
Sud sur les questions du climat, il n’a été fixé en revanche, aucun objectif de
réduction d’émission, repoussant ainsi à Copenhague un éventuel consensus
mondial. Éventuel en effet, car suite au déroulement des différentes
négociations qui ont eu lieu au cours de cette année 2009, beaucoup se
demandent sur quoi aboutira la conférence de Copenhague.
La liste au père Noël paraît donc
à l’heure actuelle confuse, ce qui pousse à se demander si les acteurs réunis
au Danemark parviendront a élaborer ce qui pourrait être l’un des plus beaux
cadeaux faits à la Terre. Certains évoquent déjà la possibilité d’une simple
déclaration politique avec en annexe, les engagements des différents pays,
repoussant ainsi un accord global à une date ultérieure. Comme chaque année, le
Noël 2009 offrira donc sont lot de bienheureux mais aussi de malheureux, déçus
de ne pas voir tous leurs vœux se réaliser. Mais quoi qu’il en soit, si
beaucoup regrettent que l’aspect financier flotte de plus en plus sur l’esprit
de Noël, on peut d’ores et déjà être certains qu’il flotte aussi sur l’esprit de Copenhague.
D.R
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